Le 19 février 1889, ce célèbre compatriote fondait à Chicago son journal appelé Le Combat, et, dans l’Ouest, tout le monde sait que cet organe français a noblement porté son nom. Le Dr. Elzéar Paquin a rempli une véritable mission, dans les immenses contrées occidentales des Etats-Unis. Son journal, ses voyages, ses conférences, et ses nombreuses recherches sur le progrès des nôtres, dans l’Ouest, constituent ce qu’on pourrait appeler un véritable apostolat national. Partout, nos compatriotes l’ont vu à l’œuvre s’imposant des sacrifices et des privations dont on ne peut se faire une idée. Le jour, comme un apôtre le plus zélé pour le salut des âmes, il rendait des visites à domicile, visitaient les places d’affaires occupées par ceux des nôtres qui étaient dans l’industrie et le commerce, et il prenait des notes avec les plus grands soins et une attention digne de louanges. Le soir, on le trouvait occupé à rédiger ses articles sur chacun des centres canadiens-français de l’Ouest. Dans ses pérégrinations nationales, il a organisé un bon nombre de sociétés Saint Jean-Baptiste. Le but principal de son œuvre a été de jeter de la lumière sur le nombre et les progrès de nos compatriotes établis partout dans l’Ouest, de les aider à s’organiser en sociétés et en paroisses nationales, à l’exemple des allemands et des irlandais, et de les mettre à même de profiter des avantages d’un journal exclusivement dévoué à leur cause.
Dans ses efforts patriotiques pour le bien de nos nationaux, il a été compris et aidé par des compatriotes d’intelligence et de cœur. Mais la masse de nos canadiens-français émigrés, manquant de lumières, ou plutôt n’étant pas en état d’apprécier la valeur d’un journal français et catholique, s’est montrée trop indifférente. Voilà pourquoi Le Combat n’a vécu qu’une couple d’années, son vaillant fondateur ne pouvant le soutenir d’avantage, faute de moyens pécuniaires.
Quelques mois après, à Marquette, Mich., le Dr Paquin fit renaître de ses cendres Le Combat sous le nom de La Vie.
Ce nouvel organe n’a pu se maintenir que six mois.
Croyant qu’il avait combattu assez les bons combats de la cause nationale et religieuse, dans l’Ouest, le Dr Paquin renonça au journalisme, et vint reprendre l’automne dernier, à Chicago, l’exercice de sa profession.
Comme ses talents et ses vastes connaissances lui permettent d’opérer des guérisons éclatantes, il me fait plaisir de dire que mon ami le Dr Paquin possède déjà une clientèle digne d’un médecin de sa réputation. Il se trouve dans un quartier presqu’exclusivement américain et il occupe avec sa gentille petite famille une splendide résidence sur le Boulevard Garfield.