« Tout ce qui est image m'intéresse », dit-il. Il s'est tourné, après le dessin animé, vers le décor de théâtre, vers les costumes, vers les stands d'exposition. Il a réalisé des affiches pour l'Orchestre symphonique de Montréal, pour l'Opéra de Montréal. En 1983, il a convaincu Serge Losique de confier à un Québécois plutôt qu'à un Français la conception des affiches du Festival des films du monde. Il exécute aussi du travail de graphisme pour des clients qui veulent des logos, des cartes d'affaires, etc.
Maintenant, c'est l'affiche de film qui l'intéresse, « pour agrémenter le quotidien de belles affiches », et il s'y jetterait corps et âme s'il trouvait un client, parce que c'est la diffusion en masse de l'oeuvre qui est importante. Autodidacte, Paquin se réjouit de sa formation sur le tas. Je ne pourrais pas autrement me permettre autant de fantaisie, d'égarement. Au cégep, il avait choisi d'étudier l'histoire « parce que c'est imagé ». Mais il aurait voulu être archéologue, parce que les « trésors du passé m'ont toujours fasciné».
Originaire de Rouyn-Noranda, Yves Paquin estime qu'il n'a pas de racines au Québec. Il entend par là qu'il est « honteux de se suborner à ne produire des images que pour nous ». L'illustration, poursuit-il, est considérée ici comme un art bâtard, un art commercial, mais l'art commercial est pourtant extraordinaire.
Et il s'explique. « L'illustrateur qui fait vendre un produit, qu'il soit disque ou livre ou autre, a une responsabilité plus lourde que celle d'un peintre. Il est le témoin du public, le témoin de son temps ». La colonne Morris, qu'on commence à voir à Montréal et qui permet l'affichage dans des conditions idéales, est pour lui une galerie d'art accessible à tout le monde.
Sa réputation naissante lui nuit autant qu'elle lui aide. « On pense que je suis trop cher ou trop occupé ». S'il refuse de travailler pour une agence de publicité, il ne détesterait pas cependant que les petites ou moyennes entreprises qui ont besoin des services d'un illustrateur s'adressent à lui plutôt qu'à une agence de publicité. « Je leur offrirais exactement la même chose, avec des prix super compétitifs ».
« Je veux faire mieux tout le temps ». Constamment à la recherche de nouveaux styles, de nouvelles techniques, il est d'avis qu'un illustrateur devrait se permettre d'être multidisciplinaire, et il veut explorer les possibilités de l'ordinateur.
Animé de cette ambition de toujours faire mieux, Yves Paquin se défend d'être ambitieux. « Je veux surtout être le plus heureux possible dans ce que je fais».
FRANÇOIS BARBEAU
Journal Le Devoir, 30 juin 1986
Biographie de Yves Paquin