C'est au village de Grondines que naquit, le 16 novembre 1853, de Sieur Charles Pâquin et de Dame Marie Lanouette, notre bonne Sr St-Claudien, l'aînée d'une famille de dix-sept enfants. Cette place d'honneur lui acquit le respect et la confiance de ses frères et sœurs qui venaient, auprès d'elle, surtout après la mort des parents bien-aimés, chercher conseil et réconfort dans les épreuves de la vie. Ce rôle, elle le remplit très longtemps au foyer paternel, et le continua même après son entrée en religion, alors que sa vertu rayonnait davantage aux yeux des siens.
Si la fortune n'avait pas daigné sourire à la brave famille qui mangeait le pain gagné honorablement par un travail ardu et constant, par contre, le ciel l'avait favorisée d'un sens chrétien très remarquable. Cet esprit religieux ne s'est pas amoindri par son passage aux États-Unis où elle dut s'expatrier.
D'après le témoignage que lui rendent deux de ses sœurs, qui lui survivent, notre Vitaline a toujours conservé les goûts modestes de son enfance ; le contact des jeunes ouvrières de Woonsoket, où elle travaillait, n'a jamais eu sur ses habitudes graves, pieuses et simples de funestes influences.
Le vénérable curé de la paroisse dont elle faisait partie — Mgr d'Auray — suivait avec intérêt cette fille modèle, membre assidu de toutes les confréries et sociétés fréquentées par l'élite de ses paroissiennes ; il l'aborde un jour en lui disant : « N'avez-vous pas le désir d'entrer dans une communauté religieuse, comme Sœur converse ? — « C'est bien mon rêve, répond l'humble fille, mais je ne sais si l'on voudra de moi ; je suis pauvre, âgée et n'ai point d'instruction, et puis . . . où m'adresser ?— À cela ne tienne, reprend le digne curé ; je vais écrire pour vous, à Québec, chez les Sœurs de la Charité, je crois que vous trouverez là la place qui vous convient. »
Au cours de l'année où avait eu lieu cet entretien, le 29septembre 1888, l'heureuse Vitaline faisait partie de nos vaillantes tertiaires, bonheur qu'elle a toujours cru devoir à Dieu d'abord, puis au bon Monseigneur d'Auray dont l'intervention lui avait si facilement ouvert la porte de notre Maison.